Je tiens à signaler le très remarquable ouvrage que vient de nous offrir Vincent Debaene aux éditions du Seuil, intitulé « La Source et le Signe » avec pour sous-titre : « Anthropologie, littérature et parole indigène ». Vincent Debaene nous avait déjà largement informés des rapports entre ethnologie et littérature dans son premier ouvrage « L’adieu aux voyages » (Gallimard), puis avait notablement contribué à une meilleure connaisance de l’oeuvre de Claude Lévi-Strauss, notamment en dirigeant la publication de la somptueuse « Pléiade » qui lui est consacrée. Il poursuit sa réflexion en montrant combien la parole indigène a été instrumentalisée, voire niée, dans les études et travaux anthropologiques en France et en Europe, alors qu’il en allait tout autrement dans le monde anglo saxon, et tout particulièrement aux États Unis. Même, et surtout, Lévi-Strauss critique le projet américain qui consiste à fonder l’anthropologie sur le recueil de « documents personnels », fussent-ils, parfois d’une « valeur exceptionnelle ».
Vincent Debaene reprend le débat dans ses grandes largeurs. Il restitue ce qu’ont eu de bénéfique les travaux trop ignorés analysant, documents à l’appui, la « parole indigène » et même sur la vision anthropologique induite par les auteurs et locuteurs de cette parole, tout en s’interrogeant constamment sur « l’impensé quant à notre rapport à l’indigène et à son discours » et en nourrissant encore son travail sur les rapports entre ethnologie et littérature.
Il a déclaré dans une interview au Monde : « Les phénomènes de domination sont complexes et supposent toujours un peu la participation du dominé à la domination ». On lit avec intérêt cet ouvrage qui récuse tout simplisme dans les oppositions étudiées. On souscrit au titre de l’article du Monde : « Vincent Debaene rend la littérature indigène à elle même ». Et on attend avec impatience son nouveau livre annoncé sur la « négritude », où l’on retrouvera Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire.
Professeur d’Université, Alain Garrigou se bat depuis des décennies pour une totale transparence dans le financement, la réalisation et la diffusion des sondages. Il vient de publier un livre aux éditions Dalloz intitulé : « Anatomie d’une affaire : les sondages de l’Élysée », dans lequel il raconte comment il est apparu que ces sondages, payés donc par l’Élysée, sans mise en concurrence, se retrouvaient dans « Le Figaro ». Alain Garrigou a étudié de près, en universitaire qu’il est, tout ce processus, et a dit et écrit ce qu’il avait trouvé, ne faisant que dire et écrire la vérité. Cela lui a valu deux procès en première instance et en appel, qu’il a gagnés - mais ne l’a pas privé, et ne le prive pas, de dénoncer la multiplication de ce qu’il appelle les « procès bâillons», dont l’objectif est d’obtenir le silence…par peur du procès !
Dans sa préface, Olivier Beaud écrit clairement : « Ce conflit judiciaire entre un professeur d’université et un conseiller du président de la République est un cas topique d’atteinte à la liberté d’expression des universitaires, c’est à dire à la liberté académique»"
J’ai auditionné Alain Garrigou lorsqu’avec Hugues Portelli, j’ai préparé en 2011 une proposition de loi destinée à garantir la transparence du financement, de la réalisation et de la diffusion des sondages. Il s’agissait d’exiger notamment la diffusion des marges d’erreur, des critères de redressement, des financeurs effectifs, des caractéristiques de l’échantillon, de proscrire toute gratification à ceux qui répondaient, les questions posées, le taux de non réponse, etc. Cette proposition de loi ne plaisait pas aux sondeurs. Elle fut néanmoins votée à l’unanimité par le Sénat. Mais elle ne fut jamais inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, les pressions sur ce que nous appellerons pudiquement la « classe politique » étant très fortes !
Je parviendrai toutefois à insérer par un vaste amendement l’essentiel de la proposition de loi dans une loi de 2016 !
La question fut alors la mise en application de celle-ci, qui dépend largement de la Commission des sondages, où Alain Garrigou fut nommé…..et amené à démissionner, faute de voir la loi effectivement appliquée avec la rigueur requise par ladite commission, dont nous avions, en outre, demandé la réforme afin qu’elle compte davantage de statisticiens.
Je remercie sincèrement Alain Garrigou pour ce livre. Les sondages tiennent une telle place dans la vie politique et les médias qu’il est nécessaire qu’ils soient faits en toute rigueur et en toute transparence. C’est un impératif démocratique.
Jean-Pierre Sueur.
Orléans. Je signale très particulièrement la parution du livre d’Antoine Prost : « 1989-2001 : Comment nous avons changé Orléans ».
Antoine Prost, on le sait, est un grand historien; il fut aussi adjoint à l’urbanisme dans l’équipe municipale que j’ai conduite en tant que maire, de 1989 à 2001. À ce double titre, il raconte l’histoire des projets urbains que nous avons menés à bien : la médiathèque, l’avenue Jean-Zay, la rue de la République piétonne, les jardins de Saint-Marceau, la rénovation des quartiers de l’Argonne et de La Source, le centre ville, le Zénith, le tramway et le Pont de l’Europe….Un livre précis, documenté et passionnant qui intéressera toutes celles et tous ceux qui aiment Orléans.
(Éditions Regain de Lecture, Orléans, 15 €).
>> Lire l'article paru à ce sujet dans MagCentre.fr le 9 novembre 2025
Le magazine Resonance de novembre publie l'interview que je lui ai donnée.
J'y dénonce les campagnes de stigmatisation visant les professionnels du funéraire dans leur ensemble et j'évoque les sujets qui doivent encore être améliorés : les contrats obsèques et la transparence des prix.
J’ai eu la joie de me rendre dans plusieurs communes de Flandre où notre chère artiste orléanaise, Jeanne Champillou, a beaucoup travaillé dans des communes qui lui ont rendu hommage. Commençons par Bergues où à l’initiative de son directeur, Patrick Descamps, une fabuleuse collection de céramiques est présentée jusqu’au 31 octobre (voir ces 4 exemples ) au sein du remarquable musée du Mont de Piété.
Poursuivons par le musée Jeanne Devos, à Wormhout, où la si sympathique Yvonne Renou nous raconte l’amitié profonde qui unissait Jeanne Champillou et Jeanne Devos, photographe professionnelle, et où leurs oeuvres, apparaissent entre des meubles et objets flamands de toutes les époques.
Je citerai enfin la commune de Lederzeele, dont l’église, comme d’ailleurs celle de Bergues, abrite un chemin de croix, entièrement pensé et fait par Jeanne Champillou, en céramiques très colorées. Oui, c’est émouvant et c’est une joie que de redécouvrir ainsi notre chère Jeanne Champillou au plus profond du « plat pays ».